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Retour sur les Entretiens de Communication publique

Avant la parution de la synthèse complète de cette matinée dans notre prochaine revue, Parole publique, découvrez dès maintenant un aperçu des interventions.

Une centaine de participants se sont retrouvés au CNAM le vendredi 1er décembre pour un temps de partage et de réflexion avec des experts, des praticiens et des journalistes sur le thème : « Répondre à la défiance, construire la confiance. Quelle place pour les sciences dans la communication publique ? ». 

 

Grand témoin : Jacques Attali, écrivain, éditorialiste, économiste

« Le vrai et le bien : il ne faut pas confondre le vrai et le bien. Ce que la science nous apprend n’est pas forcément utilisé pour faire le bien. »

« Le vrai n’est pas juste : les lois naturelles ne sont pas justes, le juste est une perception humaine. »

« Fake news et technologies : la chasse à la fausse nouvelle, c’est clé, et la bataille va se jouer partout, de l’université à l’école en passant par les chercheurs. »

« Protéger la science et se méfier de la technologie : la science, c’est l’état du vrai. La technologie, c’est l’intervention de l’homme sur la vérité qu’est la science. »

 

Table ronde n°1 : Comment la communication publique s’empare-t-elle des questions de science et de recherche ?

Didier Pourquery, fondateur de The Conversation, média indépendant qui vise à éclairer le débat public avec des analyses informées et accessibles, a salué l’intérêt du citoyen pour les sujets scientifiques. « Nos articles sont repris tous les jours par les grands titres de la presse quotidienne, ce qui montre bien qu’il y a un réel intérêt pour la production de la recherche scientifique. » Didier Pourquery a aussi souligné « qu’avec l’invasion des fake news, la relation entre science, recherche et société revient au centre de toute politique de communication scientifique. »

Pour Mathieu Schneider, vice-président Culture sciences-société à l'Université de Strasbourg, la communication est à la fois cruciale et marginale pour les chercheurs aujourd’hui. « Cruciale car les chercheurs se rendent compte qu’ils ont une place à tenir dans l’espace de la parole publique et que cette parole doit être portée. Marginale, car les chercheurs sont très pris entre leurs activités, les différentes sollicitations et la quête de financement. » Mathieu Schneider considère que c’est « aux politiques et aux établissements d’enseignement supérieur d’aider les scientifiques à trouver les bons canaux de communication et leur juste place dans la société. » 

Carine Delrieu, directrice de la communication de l’INSERM, a exposé l’approche de l’INSERM pour lutter contre la désinformation et les fakes news, dont les conséquences peuvent être graves sur la santé. Pour accélérer sa capacité à répondre aux interrogations du grand public, l’INSERM a créé la cellule « Riposte » permettant aux chercheurs de répondre à une question dans la demi-journée. L’INSERM a aussi réalisé un travail sur sa marque pour que ses chercheurs soient conscients que toute prise de parole publique constitue une expression collective au nom de l’institution.

 

Table ronde n°2 : Ce que la crise pandémique nous a appris sur les relations entre scientifiques et communicants… et comment prendre en compte ces constats

David Chavalarias, mathématicien en sciences-sociales. Directeur de recherche au CNRS (Institut des systèmes complexes Paris IdF) est revenu sur les résultats de son étude Toxic Data qui montre comment les réseaux sociaux manipulent nos opinions.  « Les réseaux sociaux sont des vecteurs d’information mais aussi de désinformation... Sur certains réseaux comme X, il y a une prime aux contenus négatifs et toxiques qui est incompatible avec une fiabilité de l’information, notamment une information scientifique. Il faut sensibiliser les utilisateurs et les influenceurs à bien choisir leurs réseaux. »

De son côté Alain Carriou, vice-Doyen formation, Université Paris Cité - Directeur médical, département médico-universitaire "Urgences et réanimations", AP-HP Centre, Médecine intensive et réanimation (MIR), Hôpital Cochin AP-HP Centre Université Paris-Cité, réanimation a opté pour la prudence pendant la pandémie. « C’était nouveau, nous avons dû répondre à de multiples interrogations, alors que nous étions dans le brouillard absolu. Ma position a été de peu communiquer par manque de temps, mais aussi par choix car nous n’étions pas préparés. Nous avons beaucoup d’effort à réaliser car le grand public n’est pas en situation de comprendre les données qui lui sont transmises. Nous devons apprendre aux futurs scientifiques à savoir communiquer pendant les crises. »

Enfin, Vincent Giret, directeur des projets « nouveaux médias » au groupe Les Echos a partagé son expérience en tant que Directeur de l’information de Radio France. « Pendant la pandémie, 80 % du temps d’antenne de France Radio a basculé dans une logique d’édition spéciale. Et cela touchait la science, un domaine où les rédactions sont les plus démunies… Ma rédaction idéale de demain, ce sont des jeunes scientifiques, des ingénieurs, des experts de l’IA, des experts économiques pour que les journalistes ne soient plus seuls devant les problématiques. »

 

Baromètre de l’esprit critique d’Universcience

Romain Pigenel, directeur du développement des publics et de la communication d’Universcience, a présenté la deuxième édition de son baromètre de l’esprit critique, réalisé par Opinion Way. Cette étude 2023 a confirmé les résultats de la première édition, à savoir : la science fait partie de la vie quotidienne des Français, même si des disparités générationnelles, socioéconomiques et de genre existent.

 

Les magazines de l’enseignement supérieur et de la recherche : un incontournable du dialogue sciences, recherche et société ?

Yvan Boude, chargé de mission au ministère de l’Enseignement Supérieur et de la recherche a présenté les résultats de l’enquête du ministère de la Recherche sur la place des magazines pour faire vivre le dialogue entre sciences, recherche et société. « Les magazines de vulgarisation scientifique publiés par les établissements d’enseignement supérieur et de recherche sont importants car ils permettent de donner une autre vision sur la recherche et de créer des liens entre différentes communautés. Ils ont une vraie place dans la lutte contre les disfonctionnements de l’information, en expliquant la démarche scientifique et en permettant aux citoyens de se faire leur propre opinion. »

© François DABURON