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La confiance s’affiche

Mémoires PAROLE PUBLIQUE nov. 2021

Grégoire Milot, créateur et président d’État d’Esprit Stratis, membre du Club des partenaires de Communication publique

Grégoire Milot
Créateur et président d’État d’Esprit Stratis, membre du Club des partenaires de Communication publique

Cet article a été publié dans la revue PAROLE PUBLIQUE n°28 de novembre 2021 à découvrir ici

La confiance est au cœur de la démocratie représentative. Les citoyens délèguent à leurs représentants leur capacité à agir pour l’intérêt général. Pour être élu, il faut donc « gagner la confiance » de ses électeurs. Les affiches politiques illustrent cette thématique à travers aussi bien les affiches de promotion que les affiches de contestation. C’est un axe majeur d’argumentation politique. Retrouvons-en quelques exemples dans notre histoire politique.

La confiance d’abord

Lorsque le général de Gaulle se présente à l’élection présidentielle en 1965, il ne fait pas de campagne, laissant même son temps de parole à la télévision pour le premier tour. Son seul argument, illustré par la photo de son affiche : le lien direct qu’il entretient avec « le peuple ». Pas de barrière, un contact qui passe au-dessus des corps intermédiaires qui d’ailleurs, se sont tant mobilisés contre le principe de l’élection du président de la République au suffrage universel. Ici, la confiance supplante tout autre argument. Pas de croix de Lorraine, pas de sigle de l’UDR, cette élection est un « contrat de confiance », il n’y a pas d’autres arguments à développer.

 

 

Souvent imité, rarement égalé, on retrouvera ce slogan dans la campagne de Raymond Barre à l’élection présidentielle de 1988… ce qui lui portera moins de chance.

 

 

« Je fais ce que je dis, je dis ce que je fais »

Cette citation connue de Nicolas Sarkozy alors président de la République se retrouve très classiquement pour montrer que l’on peut avoir confiance dans le candidat : il a réalisé ce qu’il a annoncé ou a contrario, il n’a pas engagé ce qu’il avait annoncé. On a trouvé un exemple plus original : « J’ai fait ce que vous avez dit ». Cette affiche réalisée durant l’occupation par le Maréchal Pétain montre qu’en créant le 1er mai chômé en 1941, il reprend un projet porté par l’Internationale Socialiste qui depuis 1889 manifeste tous les 1ers mai pour réduire la journée de travail et améliorer les conditions de vie des ouvriers. Mais est-ce un gage de confiance ?

 

Comment leur faire confiance ?

 

Enfin, les affiches d’opposition visent souvent à montrer que l’on ne peut faire confiance à ses adversaires. On critique certes les propositions qui sont annoncées, mais certains n’hésitent pas à rentrer directement dans la caricature pour inquiéter l’électorat. Souvent les photos des adversaires sont détournées pour inquiéter l’électorat. En 1986, le parti socialiste est allé plus loin encore en associant la droite menée alors par Jacques Chirac au grand méchant loup.

 

Cette démarche ne renforcera certainement pas la confiance des citoyens envers leurs représentants. L’étude régulière menée par le CEVIPOV sur la confiance des Français montrent les réserves qu’ils ont depuis de longues années dans leurs élites politiques. 61 % des Français n’ont aujourd’hui « plutôt pas » et « pas du tout confiance » dans leur président de la République. Les affiches passent, la méfiance voire la défiance à l’égard des politiques se sont installées dans l’opinion publique. C’est bien une question de confiance.