Aller au contenu

Communication & concertation même(s) combat(s) ?

Communication Participation

Retour sur la deuxième édition des « Regards croisés »

Pierre-Angel Gay
Administrateur de Communication publique.

Pour le deuxième opus de ses Regards croisés, consacrés en 2018 aux grands enjeux de « la participation citoyenne », Communication publique avait choisi le 6 juin à l’ENA de débattre, en partenariat avec son Club des partenaires et l’association Décider ensemble, des rapports tourmentés entre communication et concertation. Avec pour ambition de répondre enfin à cette question : « Communication et concertation, même combat ? ».

IMG_5888
IMG_5895
IMG_5902

« Adieu internet, bonjour la com apéro »

À Grégoire Milot, président d’État d’Esprit Stratis, qui l’interroge sur les raisons de ces rapports tumultueux, Laurence Monnoyer-Smith, commissaire générale au développement durable, rappelle d’abord les traditions théoriques différentes et « l’opposition forte entre vieille science politique et jeune science de la communication ».

« Dans les années 70-80, ajoute-t-elle, la mise en place des premières concertations est vécue avec beaucoup d’appréhension par les équipes des maîtres d’ouvrage ». Pour ces sachants, la communication doit surtout expliquer au public, pourquoi la décision prise est bonne. « Nous sommes alors dans un principe d’acceptabilité ! ».

Aujourd’hui, le public ne veut plus de ces dispositifs très instrumentalisant et les maîtres d’ouvrage ont appris qu’une mauvaise communication pouvait pervertir une concertation, même sincère. « Il y a une vraie prise de conscience », poursuit Laurence Monnoyer-Smith en citant la réforme du Conseil économique, social et environnemental, celle de la Commission nationale du Débat Public, ou encore la mise en place des ordonnances d’août 2016 sur l’information du public en matière d’environnement…

Deux études de cas illustrent ces propos. Celle d’Ile-de-France Mobilités d’abord, qui fait référence avec une quarantaine de concertations engagées pour des enquêtes publiques. « La concertation y est désormais attendue », insiste Sandrine Artis, chef du département concertation et information. Un projet doit être accompagné du début à la fin, renchérit Romain Tord, directeur conseil de l’agence Epiceum, pour que se mette en place un « mécanisme vertueux d’hybridation entre concertation et communication ».

Le projet Cigéo, ensuite, porté par l’ANDRA, Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs. En 2013, après un second débat public raté, l’ANDRA a retravaillé toute son approche du projet d’enfouissement des déchets très radioactifs à Bure, dans la Meuse. Première étape, un « travail culturel sur les équipes de l’ANDRA pour les bousculer », rappelle Jean-Baptiste Poinclou, directeur général de l’agence Parimage. Seconde étape, une réouverture de ce projet déjà structuré pour voir ce qui pouvait « être re-concerté avec le public », ajoute Valérie Renauld, directrice de la communication et du dialogue avec la société. La concertation a repris, non plus avec les élus, mais avec les « vrais gens ». Peu de communication numérique, beaucoup de communication de proximité. « On a frappé à 16.000 portes, organisé des apéros chez les gens ».

Conclusion de ce débat optimiste, un écueil et un point de vigilance. L’écueil ? Consulter les corps constitués, syndicats ou associations, ne suffit plus. Il est impératif de s’ouvrir au grand public. Le point de vigilance ? Préserver les avancées des ordonnances d’août 2016… « Continuons le combat ! », a conclu Grégoire Milot en cette année anniversaire de mai 68.