
Denis Maillard, ancien communicant public, est aujourd’hui spécialiste des questions sociales et des mutations du travail dans un cabinet de conseil spécialisé dans la prévention des risques professionnels. Dans cet ouvrage, il pose la question de l’émergence, nouvelle par son ampleur et ses manifestations, du religieux dans l’entreprise comme dans les services publics (long développement sur le cas singulier de la RATP). Un chauffeur manutentionnaire refuse, au nom de sa religion, de transporter de l’alcool ; un conducteur de bus n’accepte pas de toucher le volant si c’est une femme qui l’a précédé ; un autre ne veut pas leur serrer la main ; une aide à domicile met un point d’honneur à ne pas acheter la tranche de jambon pour la vieille dame dont elle s’occupe…. Comment un employeur doit-il réagir ? Comment gérer ces comportements sans stigmatiser l’employé ou l’agent ? Quel rôle doit être celui des syndicats ? La laïcité a-t-elle droit de cité dans l’entreprise ?
Le brouillage des frontières entre vie professionnelle et vie personnelle favorise la fin de la distinction entre croyances personnelles et rites collectifs.
Denis Maillard tente de répondre à toutes ces questions au travers d’une myriade d’exemples. Et, au-delà des cas concrets, il montre en quoi l’affirmation religieuse et identitaire est un révélateur des mutations du travail. La fin de la distinction entre croyances personnelles et rites collectifs est favorisée par le brouillage des frontières entre vie professionnelle et vie personnelle. Paradoxalement, en épousant les transformations de la société, les employeurs encouragent l’individu à ne plus en rabattre sur son identité, sa personnalité, sa subjectivité : « Venez comme vous êtes » ou la métamorphose de l’individu au travail.
Denis Maillard est intervenu le 27 juin 2018 à Communication publique dans le cadre des « Matinales »