
Adeline Baldacchino – énarque (2007-2009), Cour des comptes – livre un essai entre pamphlet, littérature, réflexion et propositions. On pense à La Fabrique des énarques de Jean-Michel Emery. Et, pour la partie critique, au livre de Jean-Pierre Chevènement (Jacques Mandrin), L’énarchie ou les mandarins de la société bourgeoise (1967). Les choses ont, au fond, peu changé. Aline Baldacchino a l’intuition d’un lien profond entre les blocages politiques d’aujourd’hui, le désarroi des citoyens et le contenu même de la scolarité à l’ENA, « le grand impensé de l’École ».
Faire de l’ENA quelque chose d’utile.
Car l’ENA « n’enseigne rien » au sens d’une grande école. Il faudrait au moins des passerelles avec les universités : « Pas un expert, pas un intellectuel, pas un chercheur qui vienne donner du contenu, construire un édifice intellectuel, s’intéresser au fond. ». Que reste-t-il ? Des savoir-faire : conduite de projets, conduite de réunion, conduite du changement… Bref, une business school, une « école supérieure du management public »…
Que faire ? Proposer des parcours pédagogiques structurés en filières : on ne peut pas apprendre tout sur tout. En première année, des intellectuels de haut niveau assureraient des modules de philosophie politique, de questions éthiques et culturelles appliquée à l’action publique. En deuxième année, pour acquérir des compétences et non un vernis généraliste, on affecterait les élèves dans des filières d’enseignements spécialisées – économique, sociale ou juridique – suivies d’un deuxième stage spécifique. Le but, c’est de faire de l’ENA « quelque chose d’utile ».