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Les publics éclatés des participations citoyennes !

Communication Participation

Retour sur la première édition des « Regards croisés ».

Pierre-Angel GAY
Administrateur de Communication publique.

Pour son nouveau rendez-vous, « Regards croisés », Communication publique a choisi, en partenariat avec son Club des partenaires et l’association Décider ensemble, un thème 2018 fédérateur : « La participation citoyenne ». Le premier opus de ce nouveau rendez-vous, il y en aura trois cette année, avait pour ambition le 7 février à l’ENA de répondre à la question, centrale dans toute démarche d’information et de consultation : « Pour qui ? Avec qui ? ».

« Il y a un fantasme du public avec un P majuscule », a rappelé d’entrée Loïc Blondiaux, professeur de science politique à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. En effet, il n’y a pas un public représentant le peuple citoyen, insiste-t-il en se remémorant la déception des organisateurs des premiers conseils de quartier ! Il n’y a pas non plus de public ignorant, qu’il faudrait former. Les gens ont un vécu. Quant au « public pauvre », il reste insaisissable…

De fait, les démarches de participation citoyenne ne s’adressent qu’à deux catégories de publics : les collectifs de citoyens informés, concernés, mobilisés ; les personnes directement affectées par la décision. Une assertion que les récits des démarches participatives du Grand Paris Express – doublement du métro, 68 nouvelles gares, 7 millions de Franciliens touchés -, et de la rénovation du centre-ville de Sceaux, ont ensuite étonnamment illustré.

Premier constat, « les publics suivent le même mouvement que le projet. Plus ce dernier avance, et plus ils se qualifient », a expliqué Odile Chamussy, directrice de la communication de la Société du Grand Paris (SGP). Après un grand débat public en 2010, 56 réunions, 250 cahiers d’acteurs, les phases de concertation sur l’extension du métro francilien se sont recentrées sur les riverains des futures lignes et, désormais, sur ceux des gares. Pour toucher tout le monde, les élus, étroitement associés au projet, les solutions digitales, les face à face, ont été autant de leviers. « L’une des clés est d’aller à la rencontre des gens. Nous avons vus ceux qui travaillent, là où ils ont un peu de temps, dans les cantines d’entreprise ! », a expliqué Grégoire Milot, président de l’agence Etat d’Esprit, qui plaide aussi pour le recours à des publics rémunérés pour assurer une plus grande diversité.

A Sceaux, pas de gigantisme dans l’organisation des réunions publiques mais, comme le racontait avec vivacité Chantal Brault, première adjointe de la ville, des élus appelés à gérer la cohabitation entre des activistes convaincus de leurs solutions et une majorité silencieuse venue raconter sa ville. « Il fallait faire en sorte que les élus ne soient pas ceux qui répondent mais ceux qui posent les questions, et que les quinze intervenants systématiques se mettent aussi en posture d’écoute », a résumé Frédéric Gilli, associé de l’agence Grand Public. Le pari a été gagné quand la majorité silencieuse a demandé : « Ça commence quand ? »

(*) Prochains rendez-vous à l’ENA de Communication publique et de ses « Regards croisés » sur la participation citoyenne : le 6 juin sur le rôle de la communication, le 3 octobre avec l’impact des processus participatifs sur la décision.